Nous sommes à la fin du XXI siècle, chéri, cesse de rêver. (Extrait)
Jusqu’à présent, les couples avaient le choix de devenir parents ou au contraire, la science pouvait leur venir en aide en cas d’incapacité à procréer.
Seulement en 2084, Nicolas et la narratrice se retrouvent stériles. La perspective de ne pas avoir d’enfant biologique met à mal leur équilibre. Ils font appel à un donneur, à un gourou, au don de gamètes, éliminent même les aliments susceptibles d’avoir un impact hormonal. Mais rien n’y fait.
Evelyne Sellès-Fischer nous projette dans un « à venir » proche où la plupart des couples sont infertiles. Nombreux sont ceux qui ne peuvent plus se reproduire mais désirent un enfant à tout prix et à quel prix.
Il y a trois cas où le corps de la femme ne lui appartient pas totalement : la prostitution, le viol et la Gestation Pour Autrui. (extrait)
L’Etat réfléchit à des alternatives pour relancer la reproduction et s’immisce progressivement dans l’intimité des individus. L’espérance de vie en constante augmentation et la chute de la natalité conduisent à des dérives. Les malades, les personnes âgées, les fous, en gros, les inutiles sont écartés. On ne les soigne plus, on les laisse mourir pour pallier la hausse de la population.
Le fort besoin de reproduction permet aux donneurs et donneuses de marchander leurs offres à prix fort. Réduits à un état fertile, ils ne sont plus pleinement humains. On assiste à un marché douteux, des croisières formule tout compris avec choix de gamètes, un ventre à louer ou encore la pose d’un utérus artificiel.
En suivant le parcours de Aïcha, Alva et la narratrice, nous pouvons entrevoir les dérives d’une infécondité de masse. Sommes-nous dans une impasse ou pouvons-nous garder espoir ? On peut se dire que sans enfant, la vie n’a pas de sens. Plus d’avenir, plus d’éducation, plus de communication…
Selon une tradition Kabyle, le figuier illustre le mariage, il représente un arbre créé par les plantes et est encore très vivant dans l’imaginaire des sociétés traditionnelles. Il arrive toutefois que le figuier soit stérile, qu’il ne donne pas de fruit. Le figuier stérile est-il perdu à jamais ? C’est la question que pose Jésus dans la parabole du figuier stérile. Est-il irrécupérable et tout juste bon à être coupé ? Telle est la question. Evelyne Sellés-Fisher ne nous donne pas de réponses. Elle nous expose seulement les dérives d’une société en mal d’enfants dans une dystopie très proche de nos réalités..
(…) seule la femme a besoin d’un enfant, l’enfant c’est l’ennemi qui nous survivra. (extrait)