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Voyageurs – Rémi Madar

Pourquoi certains portent des masques ? Et aussi pourquoi ils cassent tout dans la rue ? Pourquoi ils font du mal aux autres ? (Extrait)

Le roman de Rémi Madar commence crescendo avec la course du narrateur qui découvre un paysage apocalyptique familier (maisons brûlées, abris détruits…) Il ne retrouve la quiétude qu’en rentrant chez lui avec pour seul compagnon d’infortune, son fils. Comme si sa maison était un cocon impénétrable, surprotégé, que rien ni personne ne pourrait affecter.

Le narrateur et son fils sont contraints de rester chez eux. Un climat de violence règne à l’extérieur. Sommes-nous en période de confinement, dans un climat de guerre ? L’ambiance est oppressante, mais que se passe-t-il dans cette ville ? L’auteur s’exprime à travers les interrogations, les ressentis de ses personnages.

Ces gens -là nous contraignent à vivre d’une autre façon, à nous contenter de ce que nous avons… (Extrait)

Le narrateur peine à trouver les mots pour expliquer la situation à son fils, pour apaiser ses interrogations, ses angoisses. Il faut juste apprendre à vivre ensemble. Leur seule solution, vivre cloîtrés à l’abri des agressions extérieures et essayer tant bien que mal d’accepter les contraintes imposées.

Où trouvent-ils leur salut ? Dans la poésie, la lecture, les discussions ? Leur ami Fabrice éloigne la violence à coup de déclamation de poèmes d’Aragon, Rimbaud, Prévert. Père, le père du narrateur parvient naturellement à calmer le narrateur même s’il ne prononce que peu de mots.

Père m’écoute… Son coeur est un livre ouvert et vierge sur lequel je peux tout écrire : des histoires insipides, d’autres rocambolesques. (Extrait)

Rémi Madar donne les clés pour se réconcilier avec soi-même quand on est contraint de rester enfermés en utilisant des substantifs tels que Père, Mère, Fils pour désigner ses personnages. Le lecteur pourra ainsi s’identifier et rentrer plus aisément dans l’histoire qui fait écho avec ce que tout un chacun a vécu pendant les confinements à répétitions.

La lecture permet de s’échapper du quotidien, nous rassure en ce sens que le livre reste un objet qui ne change pas, on ne réécrit pas l’histoire au fil des pages, on se projette seulement à la page d’après, ce qui peut être rassurant en ces temps incertains.

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