Tout se joue en une effraction de seconde. (San Antonio « on liquide et on s’en va »)
Tony Buresi liquide un bijoutier et son employé pour un butin avoisinant les 700 millions. Lui qui comptait partir loin avec sa dulcinée, il se fait serrer à la frontière italienne et écope de la prison à perpétuité.
Cinq ans plus tard pas de trace du grisbi. Comment 700 millions de cailloux ont-ils pu s’évanouir dans la nature ? A Bellegarde, rebaptisée Valserhône comme pour conjurer le sort, ce fait divers sanglant est dans toute les têtes surtout dans celle de Francis Magenta, patron de la Mondial protection. Il doit assurer la protection d’un manteau de lumière, dernière création de Geoffroy Clerssenty, riche diamantaire.
Féru d’art à la personnalité dérangeante et inquiétante, ce dernier, créateur de pures merveilles en joaillerie, cultive un goût particulier pour les œuvres d’art mortifères. Pour lui, dans chaque être humain cohabitent la beauté et l’horreur.
Le bien et le mal sont personnifiés en chacun de nous, (…) et selon nos aspirations, c’est l’une ou l’autre de ces facettes qui prend le dessus et nous entraine vers le plus beau ou le pire. (Extrait)
Clerssenty est-il vraiment sincère ? Ou se cache-t-il derrière une personnalité détestable pour mieux œuvrer en silence ? Au fil du roman, d’autres personnages prennent place, le fils Clerssenty, le fils du bijoutier assassiné, un légionnaire accompagné d’une jolie femme Ariane, un jeune Breton Le Dantec, un voleur à la petite semaine, un repris de justice.
Pourquoi tout ce petit monde se retrouve-t-il à Valserhône ? Pour quelle raison des morts jonchent-ils le parcours de ce diamantaire ? Pourquoi des maisons sont visitées sans pour autant être cambriolées ? Un seul point commun, les œuvres d’un taulard, un certain Tino.
Supposition n’est pas certitude. (Extrait)
Pour démêler le vrai du faux, Francis doit s’immiscer dans la vie et le passé de chacun. Une seule certitude, l’appât du gain. On s’interroge sur la responsabilité de chacun et jusqu’au bout sur l’identité du coupable, sont-ils plusieurs, où se trouvent les pierres précieuses ? Clerssenty les a-t-il subtilisées confectionner son manteau de lumière ?
Oliver Carzon entretient le suspense et se place en observateur aiguisé de la partie la plus noire de ses personnages sans en dévoiler la totalité. Tel un détective, on s’amuse à relier tous les faits entre eux façon puzzle.
L’affaire est rondement menée à coup de bourre-pifs. Ça défouraille à grand coup de canifs. Si vous pensez boucler rapidement l’enquête, vous vous fourrez le doigt dans l’œil jusqu’à l’omoplate. On se mélange les pinceaux jusqu’à la fin.
Oliver Carzon nous bourre le mou jusqu’au dernier mot de son enquête et nous cueille là où on ne s’y attendait pas.
Je comprenais que ça se passait pas bien dans la vie, que c’était compliqué, qu’il y avait de la concurrence, que, même en arrivant très tôt, on arrivait trop tard. (San Antonio « je le jure »)