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Le Prochain Testament – Olivier Peraldi

Dès les premiers instants de son roman, Olivier Peraldi nous invite à pénétrer dans un univers aseptisé, robotisé, tout est pensé pour tout faire sans sortir de chez soi. Les relations ne se font que par écran interposé et les rencontres en présentiel uniquement sur rendez-vous. Tout est analyse, concept, l’improvisation n’a pas de place.

Le narrateur se complaît dans sa vie telle qu’elle est. Ses relations amicales, familiales et professionnelles sont si bien programmées qu’il ne se pose aucune question, ne prend aucune décision. Alors quand sa compagne désire un enfant, il est incapable de lui signifier un refus même s’il n’adhère pas aux méthodes prônées par l’inovorium, institut chargé de la procréation. Lui qui n’entretient que des relations impersonnelles et sans affects avec son entourage, ne conçoit pas qu’on puisse livrer un enfant en trois quatre mois et même implanter une conscience adulte au fœtus pour qu’il soit autonome plus rapidement.

Il ne veut prendre part à rien ni à la société, ni aux réunions des Rassemblés qui célèbrent Dame Nature, la nuit au fin fond du Parc des Vacations. 

C’était déjà assez pour moi de vivre pour ne pas en rajouter (Extrait, le Narrateur)

Finalement, la seule relation que le narrateur entretient avec l’extérieur c’est avec Yann, son collègue de travail. Ce dernier ne critique pas ouvertement le système mais est conscient des enjeux que le système impose à la liberté de chacun.

« Le District a beaucoup investi dans les moyens d’assistance à chacun de nos actes de la vie quotidienne. Tout y passe, désirs réalisés ou inassouvis, comportements et actes de consommation, nos échanges, nos relations, nos déplacements…La Firme y prend part. Nous y prenons part. » (Extrait, Yann)

Le narrateur est souvent pris de migraines. Est-ce son impression d’être pris dans un étau qui se resserre de plus en plus ? Est-ce concomitant à sa prise de conscience d’un monde auquel il n’appartient plus ?  Il réalise que cette vie ne lui convient plus sans pour autant chercher à changer. Mais a-t-il vraiment le choix ? Tous ceux situés hors du cadre prédéfini sont déréférencés, effacés des fichiers du District.

« N’ayant pas répondu aux nombreuses sollicitations vous concernant, vous êtes déréférencé. Cette décision est définitive et n’ouvre droit à aucune contestation. » (Extrait, la Firme) 

Olivier Peraldi pose la question de la liberté individuelle, que devenons-nous quand elle nous est ôtée ? Un tel cadre de vie n’est-il pas rassurant ? Cette dystopie est-elle si irréelle pour nous et ne s’ancre-t-elle pas dans un monde possible, envisageable pour chacun de nous ? Un roman d’anticipation ? Peut-être pas. Il donne matière à penser sur le visage du monde d’après et notre rôle à jouer.  

https://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=66754

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