Depuis combien de temps était-il décidé ? … Avait-il raison ? De quel droit agir de la sorte ? (Extrait)
Mardi 12 juin 2012. Un vieil homme, Isaac Dupuy pénètre dans l’Ehpad « Les Jours Tranquilles » avec un seul but, tuer Wolfgang Müller, pensionnaire de l’établissement. Ce dernier, ancien prisonnier de guerre, y finit ses jours paisiblement. Quiétude perturbée par une jeune journaliste, Julienne Bancel.
Rédigeant une série de portraits sur les anciens employés de l’usine Michelin, son attention se porte plus particulièrement sur ce nonagénaire au parcours atypique. Wolfgang Müller l’obsède. Au départ, très prolixe sur son passé, il reste silencieux sur ses années militaires. Et si cet ancien ouvrier agricole et professeur d’allemand était un ancien nazi disparu civilement ?
La mémoire efface au fur et à mesure du temps qui passe les traces d’un présent qui n’est plus. (Extrait)
Elle décide de se documenter au point d’extrapoler la vérité. Elle se persuade qu’il a participé de près ou de loin au génocide juif et au système concentrationnaire nazi. Pourtant, en 1944, il n’avait que 22 ans.
Elle se questionne. Peut-elle écrire sur ce vieil homme, ancien soldat de la Wehrmacht ou au contraire le laisser vivre en paix ? Et comment son article sera-t-il perçu par l’opinion publique ou par ceux qui ont survécu à la guerre comme son grand-père, Isaac Dupuy ?
En poursuivant son enquête, elle apprend que son aïeul a perdu sa mère et ses deux sœurs dans l’horreur des camps. Resté silencieux pendant toutes ces années, il vit dans la culpabilité de ne pas leur avoir dit adieu. Il s’épanche sur son passé sans qu’elle le lui demande. Il refuse de laisser le temps effacer sa mémoire.
La lecture du roman de Thierry Poyet s’adapte au rythme de la mémoire défaillante de Wolfgang Müller. Son passé, fort des années qui passent, se confond avec la vraie histoire. Il se fourvoie, s’esquive. Que lui reste-t-il si ce n’est une vieille photographie ? N’occulte-t-il pas sciemment ses souvenirs ? A force de lire des romans historiques sur cette période, n’a-t-il pas imaginé ce qu’il aurait été capable d’accomplir tout simplement.
Avec le temps, rien ne disparaît. Tout s’installe au fond de la mémoire, chaque fait ou épisode bien rangé, dans des petites cases sombres où l’on n’ira fouiller que le plus rarement possible… (Extrait)
Alors qui est Wolfgang Müller ? Un criminel ou un affabulateur ? Thierry Poyet laisse planer le doute. Et si tout cela n’était qu’un quiproquo ?