Je reconnais que ma première œuvre, n’est pas digne de moi, rien à voir avec la perfection d’aujourd’hui. (Extrait)
Le dernier roman de Christophe Jullien relate le parcours d’une jeune artiste en avance sur son temps. Elle commence sa carrière très tôt… 14 ans. Que dire sinon qu’elle force l’admiration sauf que …
Dépourvue d’affects, elle se raconte avec froideur, comme si elle se détachait de son corps, comme si elle était incapable d’éprouver la moindre émotion. A chaque oeuvre, elle crée l’effroi, sème le trouble avec une puissance oppressante et dérangeante. Elle se déplace de ville en ville, de pays en pays, multiplie le nombre de victimes pour parfaire son art, pour alimenter les faits divers. Ses tableaux n’étant qu’éphémères, elle doit laisser des indices de plus en plus précis. Sa motivation est exacerbée par le fait d’être admirée.
Les sujets ont toujours cette appréhension au départ de ne pas être dignes de figurer dans mon œuvre. (Extrait)
Quant à ces spectateurs, ils n’ont le choix que de s’adapter au support artistique qu’elle a choisi. En effet, le corps devient son matériau de création de prédilection, un moyen de provocation au service de sa liberté d’expression.
Je ne veux pas sculpter juste de la chair, je veux sculpter un être humain. (extrait)
Elle dépèce les corps, les vide de leurs organes, les mutile et se spécialise un peu plus dans l’art de transformer l’être humain en œuvre d’art vivante. Elle essaie de lui apporter une nouvelle dimension afin de le célébrer.
Mais qui est-elle ? Son prénom importe peu, elle s’efface au profit de son art. Elle sonde les bas-fonds les plus profonds de son humanité pour laisser transparaitre celle des autres qui la jauge d’un air paniqué. Certes, elle a sa propre vision de la beauté et du message qu’elle désire transmettre.
« Au-delà de l’horreur qu’inspirent ces actes, on peut aussi y voir des œuvres d’une grande force créatrice »(Extrait)
Christophe Jullien décline son roman en différentes œuvres à l’image de la volonté de cette artiste en devenir qui ne réalise que des tableaux éphémères. Les corps et leur mise en scène extrêmement travaillés sont essentiels à son projet final. Même si elle apparait complètement détachée, embourbée dans le déni de l’existence de l’autre, le corps humain est déshumanisé afin de le rendre le plus esthétique possible. Au même titre qu’un roman ne peut exister qu’à travers les yeux des lecteurs, une oeuvre d’art prend tout son sens quand elle est admirée de tous.
Je suis une artiste, et comme tout artiste, je rêve de reconnaissance. (Extrait)
Pénétrez dans le roman de Christophe Jullien comme si vous poussiez la porte d’un musée, sous chaque oeuvre une explication vous y attend.