Dès le début de son roman, Frédéric Tort plante le décor comme si une caméra embarquée zoomait avant sur un village du sud-ouest pour enfin faire un gros plan sur une petite place, une partie de pétanque et un troquet…
Tout est paisible, jusqu’à l’arrivée de Jean, jeune agriculteur de bientôt 40 ans qui débarque en tracteur.
Y’a qu’elle est partie… (Jean)
Charlotte l’a quitté et comme dans tout petit village, les commérages vont bon train.
Jean est partagé entre sa femme, militante écologique et sa famille d’agriculteurs plutôt ancrée dans ses vieilles traditions refusant à tout changement.
Que faire ? Partir et rompre avec le clan pour vivre sa vie de couple sereinement ? Imposer sa femme coute que coûte ?
C’est quand même fou, (…) de devoir paraître plus con que ce que l’on est, juste pour donner l’illusion de rentrer dans un moule. (Sylvain)
Et comme dans le sud, les personnages sont hauts en couleurs. Une mère envahissante. Un père qui a du mal à passer le flambeau de l’exploitation familiale. Une sœur barmaid. Un frère musicien. Sans oublier sa grand-mère qui, après une attaque ne peut plus parler si ce n’est articuler quelques gros mots !!!
L’univers de Jean est bousculé par l’arrivée de Dora, jeune espagnole siliconée qui débarque de façon inopportune dans sa vie. Elle est à sa cause acquise sans même le connaître. Qui est-elle ? Rêve ou réalité ?
« Cette femme est donc bien dans ma chambre (…) Comment est-ce possible ? (Jean)
Va-t-elle bousculer Jean dans ses habitudes ? Lui permettre de réfléchir et d’aller de l’avant, de mesurer enfin tout l’amour qu’il porte à son épouse Charlotte ?
Jean n’a pas envie de ressembler aux siens qui, à l’occasion d’une réunion de famille, sont prêts à s’écharper pour un petit bout de terrain à cause de vieilles rancœurs. Les paroles se délient dans les vapeurs d’alcool et d’odeur de cassoulet brûlé.
Il suffit d’un grain de sable dans l’engrenage des convenances pour que tout foute le camp…